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Comtesse des Ursins - La Régata des Comtes du Nord à Venise en 1782

Regata Storica de Venise, la Serenissima devant l'Arsenal
La Serenissima devant l'Arsenal
Les « Comtes du Nord » étaient le nom utilisé pour voyager incognito en Europe du tsarévitch Paul Petrovitch, fils de Catherine II la Grande, impératrice de Russie et de son épouse Zarevna Maria Feodorovna.

Ces « Comtes du Nord » qui assistent à la régate historique de Venise en 1782 sont en fait le futur empereur de Russie, Paul Ier et l'impératrice Marie Feodorovna, de son nom de jeune fille Sophie-Dorothée de Wurtemberg.

« Jamais le soleil n'avait montré plus d'éclat que ce jour là : Sa chaleur bienfaisante adoucit le temps au point que l'on pût tenir sa place aux fenêtres et sur le Grand Canal sans souffrir la moindre incommodité.

Ce Canal, toujours frappant par la singularité et la beauté des bâtiments, qui le bordent, était tapissé d'une foule innombrable de spectateurs sur toutes sortes de bateaux et gondoles, postés pour suivre et admirer la course.

Toutes les maisons étaient ornées par des riches tapis, qui pendaient de chaque fenêtre, et ces fenêtres étaient garnies du plus beau monde.

L'on n'avait permis que deux courses, au lieu de quatre comme c'est l'ordinaire, à cause de la saison : la première, de gondoles à une rame, et l'autre, de gondoles à deux rames.

Regata Storica de Venise, la régate des Gondolini
Régate des Gondolini
Ce sont de très petits bateaux que l'on appelle ainsi parce qu'ils ont à la proue ce fer tranchant et dentelé qui arme les grandes gondoles.

La petitesse de ces bateaux est telle, qu'il faut toute l'adresse du rameur, et toute l'intelligence de l'équilibre pour ne pas verser.

De distance en distance, aux deux bords du Canal, on avait élevé des petits amphithéâtres et des terrasses en bois, où il y avait des bandes d'instruments, dont le bruit harmonique dominait de temps en temps sur le bourdonnement d'un Peuple entier.

Toute la matinée fut remplie par le divertissement de la vue de tout ce qui montait et descendait le Canal : la variété des décorations, la gaieté bouffonne du Carnaval vénitien, la beauté de la scène où tout cela se passait, frappait l'imagination, et portait même au cœur par toutes les réflexions, qu'un tel aspect était en droit d'exciter.

Ce ne fut que vers une heure après midi, que l'on vit paraître des bateaux à huit, à six rames, que l'on appelle Biscione, Malgherotte, appartenant aux Seigneurs qui faisaient les honneurs de la Ville auprès des Princes, et aux autres Cavaliers, qui voulurent se distinguer par l'envie de faire honneur à la Patrie et donner à la fête un air plus triomphal et magnifique.

Regata Storica de Venise, le cortège historique
Cortège historique
En effet rien de mieux entendu, ni de plus élégant, que cette décoration aquatique.

L'or, l'argent, les étoffes, les plumes, les fleurs en sont la matière, que quelque idée heureuse et à propos, façonne et met dans le plus beau jour.

Le propriétaire de chaque bâtiment se tient avec un ami, sur des coussins à la proue, agenouillé, manière d'être propre à cette fonction : Car chaque Cavalier est armé d'un arc, avec lequel il darde des petites boules dorées, ou argentées, pour éloigner dans le temps de la Course tout autre bateau du Grand chemin d'eau, et protéger par-là la Course même.

Deux superbes Péottes, autre bâtiment très commode, où l'on se tient enfermé et assis, comme dans un cabinet, étaient préparées pour LL. AA. II. (Les Comtes du Nord).

Dans chacune huit rameurs très richement habillés, les uns en rose, fleurs, et argent, les autres en bleu, rose, et argent, entouraient les deux cloisons destinées aux Princes, et fermées uniquement par quatre grands cotés en cristal, pour que rien ne pût leur dérober la vue d'aucune part.

Regata Storica de Venise, le cortège historique
Le cortège historique
Tout autour le satin terminé par des franges et des huppes d'argent insultait l'onde et trempait dans sa surface agitée.

Au milieu du Cortège de ces Péottes, et d'une vingtaine d'autres bâtiments à décoration, on mena devant les fenêtres des Comtes du Nord les jouteurs, qui s’apprêtaient à se disputer les honneurs de la journée, comme pour leur faire hommage de cette fête, et de tous les soins que l'on s'était donné, pour qu'elle réussit bien.

Cet hommage rendu, les Biscione, et les Malgherotte accompagnèrent les combattants au lieu où devait commencer la course, et se disposèrent à protéger la sûreté d'un chacun, et la liberté du Canal.

Le Signal donné, LL. AA. II. après avoir fait à messieurs Pesaro et Grimani l'honneur de les retenir à dîner avec Elles, montèrent dans les Péottes, coururent une partie du Canal, pour jouir de la beauté du spectacle que formait les Spectateurs, et prirent place tout près du terme de la course, pour juger Elles-mêmes du mérite des héros de la Régata.

Regata Storica de Venise : la Machina, tribune officielle montée sur l'eau qui sert aussi de ligne d'arrivée
La Machina, tribune officielle
Cet endroit était aussi décoré de très bon goût : En forme de Temple sortant de l'eau, aux pieds duquel, parmi les rocs, jaillissaient cent petits jets d'eau, qui ne servaient pas seulement à embellir l'idée, mais en même temps empêchaient les barques spectatrices d'approcher trop de la Machine, d'en troubler l'effet en perspective, et d'en rendre l'accès difficile aux jouteurs.

Une grande et belle voûte sous le Temple ouvrait le passage au Canal, et présentait les quatre drapeaux, prêts à être arrachés par les mains victorieuses des premiers, qui auraient le bonheur d'y entrer : les couleurs en distinguaient l'ordre et le mérite.

Les Biscione et les Malgherotte, fendant les eaux avec cette vitesse qui est propre à leur construction, amenèrent les combattants jusqu'au terme, parmi lesquels les quatre premiers se couronnèrent eux-mêmes, en arborant sur leurs canots victorieux la marque honorable de leur valeur, au milieu des acclamations bruyantes d'un Peuple hors de lui-même par la joie que cette journée lui inspire.

Regata Storica de Venise, Dragon dans le cortège historique
Dragon du cortège historique
LL. AA, II. se tinrent pendant le dernier terme de la Course sur la proue de leur Péotte, et parurent animées par l'intérêt du moment, de la façon la plus touchante pour les spectateurs patriotiques.

Les vainqueurs, en leur faisant hommage du Pavillon de la Victoire, reçurent de leurs Augustes mains des récompenses, et des éloges, qui flattèrent ces bonnes gens davantage.

On remarqua, que Monsieur le Comte du Nord exerça sa libéralité envers un des jouteurs, qui avait eût le malheur de tomber dans la mer, tout près du but, qu'il avait manqué par-là.

Ce trait de sensibilité du Prince fut rapporté, et retenu avec la satisfaction la plus universelle.

Regata Storica de Venise, cortège sportif
Le cortège sportif
Les Comtes du Nord allèrent observer la seconde Regata depuis la Maison Mocenigo, qui est située vis-à-vis du terme de la Course, et trouvèrent dans ce Palais une Compagnie choisie.

Cette journée remplit en effet l'idée, que les Augustes Voyageurs s'étaient faite d'une Regata.

Elle réussit à merveille : ils ne cessèrent d'en vanter la singularité, ce qui charma les Vénitiens qui voyaient par là que leurs idées étaient saisies dans leur vrai point de vue ; Savoir, de donner aux Hôtes illustres, qui les honoraient de leur présence toutes les marques nationales de leur satisfaction.

On ne s'explique jamais mieux, que dans sa propre langue, et chaque Nation a un genre de fêtes, qui est comme sa propre langue d'hospitalité solennelle. »
Comtesse des Ursins - Du séjour des comtes du Nord à Venise – 1782

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