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Albrecht Dürer jalousé par les Peintres vénitiens
Hélas, ses talents ne manquèrent pas de susciter la jalousie de certains confrères vénitiens qui n'hésitaient à utiliser les bons moyens de pression pour décourager et se débarrasser de ce concurrent gênant…
C'est ainsi que Dürer eut à comparaître trois fois devant les magistrats et payer quatre Florins à la Scuola des Peintres dont les membres, tout en critiquant et copiant ses œuvres ou s'appropriant ses inventions, voulaient le forcer à payer les taxes sur le travail des Etrangers exerçant à Venise.
Dans sa correspondance avec son ami Pirkheimer, Dürer confiait ses joies et ses craintes :
"J'aimerais que vous soyez ici à Venise, il y a tellement de charmants compagnons…
Mais on rencontre aussi les voyous les plus traîtres, les plus menteurs et les plus voleurs qui aient jamais vécu en ce bas monde."
Dürer
Ses amis vénitiens lui ont conseillé de ne pas boire ni manger avec les peintres. Apparemment pour éviter de se faire empoisonner !
Dürer Apprécié par Bellini…
Mais le grand Giovanni Bellini appréciait son talent à sa juste valeur et ne manqua pas de faire son éloge auprès des Patriciens. Bellini rendit visite à Dürer pour lui demander de lui faire quelque chose, qu'il lui payerait.Avec l'argent gagné par la vente de "petits" tableaux réalisés à Venise, Dürer s'acheta les Dix Livres d'Architecture de Vitruve, dont il donnera une version partielle en allemand. Il rédigea son Instruction sur la manière de mesurer en s'inspirant des Eléments d'Optique d'Euclide.
… Et Par Gabriele D'Annunzio
« Regarde, dit-elle à son ami, en lui indiquant du doigt une estampe.
Tu la connais bien.
Ils la connaissaient bien l'un et l'autre; mais ils se penchèrent ensemble pour la regarder, et elle leur paraissait nouvelle comme une musique qui répond toujours une chose différente à ceux qui l'interrogent.
Elle était de la main d'Albert Dürer.
Le grand Ange terrestre aux ailes d'aigle, l'Esprit sans sommeil, couronné de patience, était assis sur la pierre nue, le coude appuyé au genou, la joue soutenue par le poing, ayant sur la cuisse un livre et dans l'autre main le compas.
À ses pieds gisait, ramassé en rond comme un serpent, le lévrier fidèle, le chien qui le premier, à l'aube des temps, chassa en compagnie de l'homme.
À son flanc, perché comme un oiseau sur la tranche d'une meule de moulin, dormait l'enfant déjà triste, tenant le stylet et la tablette où il devait écrire la première parole de sa science.
Et à l'entour étaient épars les outils des œuvres humaines; et sur la tête vigilante, vers la pointe d'une aile, coulait dans la double ampoule le sable silencieux du Temps ; et l'on apercevait dans le fond la Mer avec ses golfes, avec ses ports, avec ses phares, calme et indomptable, sur laquelle, tandis que le Soleil se couchait dans la gloire de l'arc-en-ciel, volait la chauve-souris crépusculaire portant inscrite sur ses membranes la parole révélatrice.
Et ces ports et ces phares et ces villes, c'était lui qui les avait construits, l'Esprit sans sommeil, couronné de patience.
Il avait taillé la pierre pour les tours, abattu le pin pour les navires, trempé le fer pour toutes les luttes.
Et il avait aussi imposé au Temps l'instrument qui le mesure.
Assis, non pour se reposer, mais pour méditer un nouveau labeur, il regardait fixement la Vie, de ses yeux forts où resplendissait l'âme libre.
De toutes les formes environnantes, sauf une, montait le silence.
Seule s'entendait la voix du feu rugissant dans le fourneau, sous le creuset où, de la matière sublimée, devait s'engendrer quelque vertu nouvelle pour vaincre un mal ou pour connaître une loi.
Et le grand Ange terrestre aux ailes d'aigle, qui portait suspendues à son flanc bardé d'acier les clefs qui ouvrent et qui ferment, répondait ainsi à ceux qui l'interrogeaient : Le Soleil se couche. La lumière qui naît du ciel, meurt dans le ciel; et un jour ignore la lumière d'un autre jour.
Mais la nuit est une, et son ombre s'étend sur tous les visages, sa cécité sur toutes les paupières, excepté sur le visage et sur les paupières de celui qui tient son feu allumé pour éclairer sa force.
Je sais que le vivant est comme le mort, l'éveillé comme le dormant, le jeune homme comme le vieillard, puisque la mutation de l'un donne l'autre ; et toute mutation a la douleur et la joie pour compagnes égales.
Je sais que l'harmonie de l'Univers est faite de discordes, comme dans la lyre et dans l'arc.
Je sais que je suis et que je ne suis pas, et qu'il n'y a qu'un seul et même chemin, en bas et en haut.
Je sais les odeurs de la pourriture et les infections sans nombre qui sont inséparables de la nature humaine.
Toutefois, nonobstant mon savoir, je continue à accomplir mes œuvres manifestes ou occultes.
J'en vois qui périssent, tandis que je dure encore ; j'en vois d'autres qui semblent destinées à durer, éternellement belles et indemnes de toute misère, et qui ne sont plus miennes, quoique nées de mes maux les plus profonds.
Je vois devant le feu se changer toutes les choses, comme les biens devant l'or.
Une seule est constante : mon courage.
Je ne m'assois que pour me relever. »
Gabriele D'Annunzio : Le Feu.
En 1507, Albrecht Dürer rentre à Nuremberg
Sa rupture avec l'art gothique est achevée : Les Apôtres évoquent Bellini, l'Autoportrait aux Gants s'inspire de Giorgione et les magnifiques couleurs de l'Adoration de la Sainte Trinité marquent les débuts de l'âge classique de la peinture allemande.Page Précédente
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