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Le Titien - Tiziano Veccellio “L'Assomption de la Vierge”
L'une des œuvres les plus magnifiques et les plus connues du Titien est “L'Assomption de la Vierge”, qui inspira à Richard Wagner ses “Maîtres Chanteurs”, tant la vue du tableau l'avait bouleversé.C'est le 19 mai 1518 qu'est installé le retable de l'Assomption de la Vierge dans l'église des Frari.
Ce tableau est une véritable révolution religieuse : L'assomption est un tableau qui éclate de couleurs, de vie, loin des poncifs jusque là respectés en matière de peinture religieuse : oubliées les références à la mort et à tous les tombeaux et autres lamentations en tout genre !
C'est une Vierge joyeuse, entourée d'anges émerveillés et devant des apôtres tout aussi remués que la Vierge monte vers Dieu en tant que reine du ciel.
Théophile Gautier : Une Vierge plus légère que l'éther le plus lumineux...
Théophile Gautier en est totalement tombé, comme tant d'autres, amoureux.« L'Assunta est une des plus grandes machines du Titien où il s'est élevé à la plus grande hauteur : la composition est équilibrée et distribuée avec un art infini.
La portion supérieure, qui est cintrée, représente le paradis, la gloire, pour parler comme les Espagnols dans leur langage ascétique ; des collerettes d'anges, noyés et perdus dans un flot de lumière à d'incalculables profondeurs, étoiles scintillantes sur la flamme, pétillements plus vifs du jour éternel, forment l'auréole du Père qui arrive du fond de l'infini, avec un mouvement d'aigle planant, accompagné d'un archange et d'un séraphin dont les mains soutiennent la couronne et le nimbe. [...]
Une puissance sans borne, une jeunesse impérissable font rayonner cette face à barbe blanche qui n'a qu'à se secouer pour en faire tomber la neige des éternités: depuis le Jupiter olympien de Phidias, jamais le maître du ciel n'a été représenté plus dignement.
Le milieu du tableau est occupé par la Vierge Marie, qui soulève, ou plutôt qu'entoure une guirlande d'anges et d'âmes bienheureuses, car elle n'a pas besoin d'aides pour monter au ciel; elle s'enlève par le jaillissement de sa foi robuste, par la pureté de son âme, plus légère que l'éther le plus lumineux.
Il y a vraiment dans cette figure une force d'ascension inouïe, et, pour obtenir cet effet, Titien n'a pas eu recours à des formes grêles, à des draperies fuselées, des couleurs transparentes.
Sa Madone est une femme très-vraie, très-vivante, très-réelle, d'une beauté solide comme la Vénus de Milo ou la Femme couchée de la Tribune de Florence.
Une draperie ample, étoffée, voltige autour d'elle à plis nombreux; ses larges flancs ont pu contenir un Dieu. […]
Et pourtant, rien n'est plus célestement beau que cette grande et forte figure dans sa tunique rose et son manteau d'azur ; malgré la volupté puissante du corps, le regard étincelle de la plus pure virginité.
Dans le bas du tableau, les apôtres se groupent en diverses attitudes de ravissement et de surprise habilement contrastées.
Deux ou trois petits anges, qui les relient à la zone intermédiaire de la composition, semblent leur expliquer le miracle qui se passe. Les têtes d'apôtres, d'âges et de caractères variés, sont peintes avec une force de vie et une réalité surprenantes.
Les draperies ont cette largeur et ce jet abondant qui caractérise en Titien le peintre à la fois le plus riche et le plus simple. […]
Grâce à un linceul poudreux qui l'a recouverte pendant si longtemps, l'Assunta brille d'un éclat tout jeune, les siècles n'ont pas coulé pour elle, et nous jouissons de ce suprême plaisir de voir un tableau de Titien tel qu'il sortit de sa palette. »
Théophile Gautier
Félix Mendelssohn Bartholdy : “J'irai revoir ce tableau chaque jour…”
Le musicien Félix Mendelssohn Bartholdy est également admiratif devant cette peinture du Titien :« L'Assomption de la Vierge est l'œuvre la plus divine que main humaine ait jamais réalisée.
Je ne pus m'empêcher de faire part de mon enthousiasme au laquais de-place, et en mauvais italien.
S'il me faut parler de Titien, je ne puis le faire que sur un ton empli de respect.
Je n'avais pas compris, jusqu'à présent, quelle félicité l'habitait.
Qu'il ait joui de la vie, dans toute sa beauté et toute sa plénitude, les tableaux de Paris suffiraient à nous en convaincre.
Il a sondé à la fois les abîmes de la détresse humaine et les joies du Ciel.
Il faut voir sa Mise au tombeau et son Assomption.
Il faut voir comment Marie semble flotter dans les nuages, comment l'air qu'elle respire paraît réel, sa crainte, sa dévotion, bref des milliers de sentiments mêlés.
Les mots, en comparaison, ne sont que de pauvres lieux communs.
Sur la droite du tableau, les têtes des trois anges sont le comble de la beauté: une beauté pure, sereine, séraphique.
Mais je m'arrête, sinon je vais devenir lyrique, si ce n'est déjà fait, et ce qui ne convient guère. J'irai certainement revoir ce tableau chaque jour. »
Félix Mendelssohn Bartholdy
Charles Dickens, Gustave Flaubert, Alain Buisine, André Malraux…
Charles Dickens est également en admiration devant le tableau :
« Aucun éloge ne parvient à dire la moitié de la belle et surprenante réalité. C'est l'essence même de la perfection. »
Charles Dickens
Gustave Flaubert :
« Les quelques heures que j'ai passées là ont été en gondole, en Titien et en Véronèse.
En peinture je ne connais rien qui soit au-dessus de l'Assomption du premier.
Si je restais un peu longtemps ici j'aurais peur de devenir amoureux de sa Vierge. »
Alain Buisine, dans son très beau “Dictionnaire Amoureux et Savant des Couleurs de Venise”
« Ce fabuleux mouvement ascensionnel de toute la composition, avec les apôtres qui lèvent les bras au ciel.
Cette incroyable, cette sensuelle et impudique extase de la Vierge, les yeux chavirés, qui n'est comparable qu'à L'Extase de sainte Thérèse du Bernin, à Santa Maria della Vittoria, à Rome.
Ces subtiles variations de la gamme des rouges, du rouge vermillonné à la laque garance cramoisie (appellations modernes bien entendu), présents à tous les étages de la représentation, manteau rouge sombre de Dieu le Père, immense robe d'un rouge éclatant de la Vierge, tuniques rouges de plusieurs des apôtres. »
Alain Buisine
André Malraux lui-même insiste sur l'importance de cette œuvre de Titien :
« Dans l'œuvre de ce premier Titien, la couleur joue le même rôle que dans l'œuvre de Giorgione.
Mais avant la Bacchanale, vingt ans avant la Vénus du Pardo, Titien peint l'Assomption.
Les Frari ne se méprennent pas à ce qui oppose celle-ci à la Transfiguration de Raphaël.
Et l'enthousiasme du peuple de Venise devant le flamboiement de cette Vierge rouge ne s'adresse point à un prodigieux trompe-l'oeil.
Comment ne nous ferait-il pas penser aux transports de Florence et de Sienne devant les premières Vierges toscanes ?
Bien que celle de Titien n'appartienne pas au monde de Dieu comme elles, ni comme celles des cathédrales, elle n'appartient pas pour autant à celui de la terre.
Ce langage séculaire de la couleur, accordé en Flandre à l'ombre de Van Eyck, avait reparu jusque dans le triptyque Portinari; assourdi en Italie par l'ombre de Léonard et par le sfumato, il retrouve soudain son lyrisme d'icône — dans une représentation que Byzance eût jugée sacrilège. »
André Malraux - l'Irréel
Tiziano Vecellio dit le Titien | Les Vénus du Titien
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