Gabrielle L'Hirondelle Hill « Counterblaste » Biennale d'Art de Venise

Gabrielle L'Hirondelle Hill est née en 1979, elle vit et travaille au Canada. Son œuvre est présentée au pavillon central des Giardini.

L'œuvre de Gabrielle Hill remet en question la notion de ville « installée » tout en dévoilant l'histoire matérielle de la colonisation.

Elle recueille des détritus comme des onglets de canettes de bière, des médaillons de magasin à un dollar, incorporant ces objets trouvés dans des sculptures, et des dessins sur papier enduit de Crisco infusé de tabac, qu'elle a appelé Sortilèges.

Gabrielle L'Hirondelle Hill « Counterblast » 2021

L’étonnante sculpture dénommée « Counterblast » est une grande odalisque avec de longues oreilles de lapin et des fleurs blanches dans les yeux, tranquillement allongée sur le côté en exhibant ses huit tétons.

Cette créature faite de collants rembourrés de tabac porte des amulettes, des perles et des boucles d’oreilles en fourrure de lapin, ainsi que des chaussures de jogging au bout de ses jambes repliées en arrière.

« Counterblast » se traduit par riposte en français ; Riposte, c’était le titre de la missive rédigée par le roi d’Angleterre en 1604 accusant les autochtones d’Amérique du Nord d’avoir transmis aux Européens la mauvaise habitude de fumer du tabac.

Le Roi critiquait la saleté, la sexualité immodérée des indigènes américains qui, en réalité, avaient contracté des maladies vénériennes transmises par les colons qui les avaient imaginés ainsi disposés ; et il critiquait leur refus de l’usage de la monnaie en disant qu’ils préféraient le verre, les plumes et autres babioles à l’or et aux pierres précieuses.

Gabrielle L’Hirondelle Hill a voulu rappeler que les « billets de tabac » ont été parmi les premières formes de papier-monnaie utilisées dans les colonies britanniques d'Amérique du Nord.

« Counterblast » est la riposte esthétique de cette artiste aux préjugés des colonisateurs et à l'imposition du capitalisme par les gouvernements coloniaux aux peuples autochtones, ainsi qu'un symbole de liberté rappelant la persistance de leurs cultures dans le présent.

Ce remix évocateur de matériaux locaux critique le colonialisme tout en honorant des modèles économiques expansifs qui trouvent le pouvoir dans la réciprocité.

Gabrielle L'Hirondelle Hill, Counterblaste