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Antonio Vivaldi et Carlo Goldoni
Vivaldi et Goldoni : un quatrain musical écrit en un quart d’heure ! Voici la rencontre qui eut lieu entre Antonio Vivaldi et Carlo Goldoni, que Goldoni nous rapporte dans ses “Mémoires” :« J'allai donc chez l'abbé Vivaldi, je me fis annoncer de la part de Son Excellence Grimani ; je le trouvai entouré de musique et son bréviaire à la main.
Il se lève, il fait le signe de la croix en long et en large, met son bréviaire de côté, et me fait le compliment ordinaire :
— Vivaldi : Quel est le motif qui me procure le plaisir de vous voir, Monsieur ?
— Goldoni : Son Excellence Grimani m'a chargé des changements que vous croyez nécessaires dans l'opéra de la prochaine foire. [...]
— Vivaldi ne me réponds pas.
— Goldoni : Monsieur, lui dis-je, je ne voudrais pas vous distraire de votre occupation religieuse, je reviendrai dans un autre moment.
— Vivaldi : Je sais bien, mon cher Monsieur, que vous avez du talent pour la poésie ; j'ai vu votre Bélisaire qui m'a fait beaucoup de plaisir, mais c'est bien différent : on peut faire une tragédie, un poème épique, si vous voulez, et ne pas savoir faire un quatrain musical.
Faites-moi le plaisir de me faire voir votre drame.
Oui, oui, je le veux bien ; où est donc fourrée Griselda ?
Elle était ici... “Deus in adjutorium meum intende. Domine... Domine... Domine...”
Elle était ici tout à l'heure. “Domine ad adjuvandum...”
Ah! la voici, voyez, Monsieur, cette scène entre Gualtiere et Griselda ; c'est une scène intéressante, touchante.
L'auteur y a placé à la fin un air pathétique, mais mademoiselle Giraud n'aime pas le chant langoureux, elle voudrait un morceau d'expression, d'agitation, un air qui exprime la passion par des moyens différents, par des mots, par exemple, entrecoupés par des soupirs élancés, avec de l'action, du mouvement. Je ne sais pas si vous me comprenez.
— Goldoni : Oui, monsieur, je comprends très bien ; d'ailleurs j'ai eu l'honneur d'entendre mademoiselle Giraud, je sais que sa voix n'est pas assez forte...
— Vivaldi : Comment, Monsieur, vous insultez mon écolière ? Elle est bonne à tout, elle chante tout.
— Goldoni : Oui, Monsieur, vous avez raison ; donnez-moi le livre, laissez-moi faire.
— Vivaldi : Non, monsieur, je ne puis pas m'en défaire, j'en ai besoin, et je suis pressé.
— Goldoni : Eh bien ! monsieur, si vous êtes pressé, prêtez-le-moi un instant, et sur-le-champ je vais vous satisfaire.
— Vivaldi : Sur-le-champ ?
— Goldoni : Oui, monsieur, sur-le-champ.”
L'abbé, en se moquant de moi, me présente le drame, me donne du papier et une écritoire, reprend son bréviaire et récite ses psaumes et ses hymnes en se promenant.
Je relis la scène que je connaissais déjà ; je fais la récapitulation de ce que le musicien désirait, et en moins d'un quart d'heure je couche sur le papier un air de huit vers partagé en deux parties.
J'appelle mon ecclésiastique, et je lui fais voir mon ouvrage.
Vivaldi lit, il déride son front, il relit, il fait des cris de joie, il jette son office par terre, il appelle mademoiselle Giraud.
Elle vient :
— “Ah! lui dit-il, voilà un homme rare, voilà un poète excellent ; lisez cet air, c'est Monsieur qui l'a fait ici, sans bouger, en moins d'un quart d'heure”
Et en revenant à moi : “Ah! Monsieur, je vous demande pardon.”
Et il m'embrasse, et il proteste qu'il n'aura jamais d'autre poète que moi.
Il me confia le drame, il m'ordonna d'autres changements, toujours content de moi, et l'opéra réussit à merveille. »
Carlo Goldoni - Mémoires, tome I, Paris, 1787.
De 1760 à 1761 : La Célébrité au-delà des Frontières
1760
— I Rusteghi (les rustres ou les bourrus),— La Plaisante Aventure,
— La Maison Nouvelle.
1761
— L’amour des trois oranges de Gozzi, le défenseur des masques, est un triomphe qui met à mal la réforme réaliste de Goldoni.— La Comédie Italienne de Paris lui offre un engagement.
Le Début du Départ de Venise pour Paris :
1762
Goldoni s’éloigne lentement de Venise pour Paris, en écrivant :— Monsieur Théodore le Grognon
— Baroufe à Chioggia,
— Un des derniers soirs de Carnaval.
Carlo Goldoni et Alessandro Longhi
Alessandro Longhi, peintre et ami de Goldoni, s'était spécialisé dans la peinture des scènes de la vie quotidienne… et était apprécié de Goldoni :
“Ta Peinture est la sœur de ma Muse”
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