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Le Doge Andrea Gritti - Doganat et Diplomatie

Balcon d'Antonio Abbondi Scarpagnino avec le Doge Andrea Gritti devant le Lion de Saint-Marc, sur la façade de la Piazzetta San Marco à Venise
Le Doge Andrea Gritti
Le 25 Février 1525, François Ier est battu à Pavie et fait en même temps prisonnier par l'empereur Charles Quint.

Une situation difficile à gérer pour Venise, qui entretient à la fois de bonnes relations avec François Ier mais aussi avec l'Empereur Charles Quint, avec lequel, deux mois à peine après l'élection d'Andrea Gritti au poste de Doge, Venise avait signé à Worms un traité de paix le 29 Juillet 1523.

Les talents de diplomate d'Andrea Gritti sont donc de nouveau mis à contribution pour pouvoir ménager les deux partis tout en préservant Venise de représailles de l'un ou de l'autre des belligérants.

Dans une première audience devant le Sénat de Venise, l'ambassadeur de France fut reçu par Andrea Gritti et l'habile Doge versa de chaudes larmes en sa compagnie sur le sort du pauvre François Ier.

Peu de temps après, dans une seconde audience, toujours devant les sénateurs de la République de Venise, Andrea Gritti reçut l'ambassadeur de l'Empereur Charles Quint et le félicita chaleureusement pour la capture de François Ier.

On imagine l'étonnement des sénateurs vénitiens devant cette double attitude.

Andrea Gritti se justifia devant eux en leur disant :

« Essendo amico dei due Re, non posso che dire coll' Apostollo : mi rallegro con qui gode e piango con chi soffre. »

Ce qui signifie : « Comme le disait l'apôtre (Saint Paul), étant ami des deux rois, je me réjouis avec ceux qui rient et je pleure avec ceux qui souffrent ! »

Cette attitude ambiguë, mais on ne peut plus diplomatique, dépeint bien les talents d'Andrea Gritti en la matière, talents qui furent à l'origine de sa nomination en tant que Doge, le 20 Mai 1523.

Une élection contestée

Andrea Gritti n'était pas donné favori pour devenir Doge face à son compétiteur Antonio Tron, et ce en grande partie pour ses trop nombreuses frasques amoureuses.

Un doge se devait en effet d'être d'abord quelqu'un de “sérieux”.

Un sénateur, Alvise Pruili, avait d'ailleurs déclaré avant l'élection d'Andrea Gritti : « On ne peut nommer Doge un homme qui a déjà trois bâtards en Turquie ! »

Antonio Tron paraissait donc plus sérieux pour le doganat mais Andrea Gritti avait un atout majeur contre Tron : ses talents de diplomate et le fait qu'il connaissait personnellement la plupart des dirigeants des puissances étrangères avec qui Venise devait alors composer.

C'est cette capacité diplomatique qui incita donc à nommer Andrea Gritti au poste de Doge par rapport à son rival Antonio Tron.

Comme nous l'avons vu plus haut, Andrea Gritti s'est d'ailleurs montré tout à fait à la hauteur de la tâche et Venise vécut de façon relativement calme à ce titre pendant tout son doganat, Andrea Gritti étant assez malin pour composer avec les uns et les autres sans mettre en cause la position généralement neutre de Venise.

Un Doge peu aimé du peuple de Venise

Mais la sécurité qu'il apporta à la République ne le fit pour autant jamais aimer des vénitiens.

Et ceci fut vrai dès son élection.

Le peuple de Venise lui préférait en effet Antonio Tron et manifesta à Andrea Gritti son mécontentement pendant la procession d'intronisation sur la Piazza, les Vénitiens marquèrent leur désapprobation pendant toute la durée la cérémonie en psalmodiant en dialecte vénitien : “Um, Um, Trum, Trum”.

Mais Andrea Gritti, chef de guerre, n'avait rien à faire de ces manifestations et il n'en tint pas plus compte lors de son élection que pendant toute la durée de son doganat.

S'il savait tempérer son caractère autoritaire lors des négociations diplomatiques, Andrea Gritti savait aussi imposer ses vues lorsque c'était nécessaire et c'est ainsi qu'il mit fin aux jeux de hasard et d'argent qui étaient autorisés entre les deux colonnes de la Piazzetta depuis 1172, par suite de la concession délivrée par le Doge Sebastiano Ziani.

Il était d'usage à Venise de respecter la parole donnée et encore plus celle de la Sérénissime, mais jugeant la pratique de nature immorale et troublant l'ordre public, Gritti n'hésita pas à briser ce tabou.

On imagine que cette décision ne le rendit pas plus populaire auprès des vénitiens !

Ses activités de marchand de blé ne lui attirèrent pas non plus que des amis.

À tel point que lors de la famine de 1527, Andrea Gritti fut obligé de se défendre contre des accusations sur l'importation, par ses deux fils bâtards, Alvise et Zorzi, de blé à Venise.

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