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Les Colonnes de la Piazzetta - saint Marc et saint Théodore
En 1127, le Doge Domenico Michiel rapporte de Césarée les deux colonnes monolithiques de granit qui ornent aujourd'hui la Piazzetta de Saint-Marc.Ces deux colonnes étaient en fait trois, mais l'une d'entre elles tomba dans le bassin de Saint-Marc au moment de son transbordement sur le quai et elle ne fut jamais récupérée.
Pendant une cinquantaine d'années, les deux colonnes restèrent couchées le long du vieux mur Pietro Tribuno, aujourd'hui détruit. Il faudra donc attendre 1172 pour qu'elles soient enfin érigées à leur emplacement actuel.
Les colonnes de la Piazzetta de Saint-Marc sont à l'évidence un rappel des gigantesques piliers de bronze érigés pour Salomon par Hiram de Tyr et l'on sait que le Palais des Doges lui-même reproduit les principes d'architecture du Palais du Roi Salomon.
En 1172 donc, un architecte lombard, du nom de Nicolo Lombardo se présenta au Doge Sebastiano Ziani en lui indiquant qu'il avait une solution technique pour ériger les deux colonnes.
La technique qu'il employa était assez ingénieuse puisqu'il fit fixer des cordes suffisamment solides au bout de chaque colonne, puis fit mouiller les cordes.
Cela avait pour résultat immédiat de les faire rétrécir et donc de faire monter la colonne dans le même temps.
Il suffisait alors de poser des étais sous la partie de la colonne déjà en l'air et de reproduire l'opération, et ainsi de suite jusqu'à ce que la colonne soit droite.
Jeux d'argent entre les colonnes
Le doge Sebastiano Ziani fut très intéressé par la proposition de Lombardo et lui donna donc son accord.Mais lorsqu'il lui demanda quel serait le prix de son travail, Nicolo Lombardo lui dit qu'il voulait seulement obtenir une concession perpétuelle permettant d'exercer les jeux de hasard dans l'espace compris entre les deux colonnes.
À cette époque, les jeux d'argent étaient interdits à Venise et ce que demandait Lombardo était une entorse importante à la règle.
Néanmoins le doge Sebastiano Ziani, sans doute trop content à l'idée de voir ces deux colonnes monolithiques de granit s'élever sur la Piazzetta, donna tout de même son accord à l'architecte.
C'est à cause de ce marchandage que Nicolo Lombardo devint Nicolo Barattieri, baratto signifiant “troc” en vénitien.
Ce que n'avait pas supposé le Doge Ziani, c'est qu'en plus d'être un bon architecte, Nicolo Barattieri était aussi un très bon homme d'affaires.
Et sa concession fut particulièrement florissante et fut ensuite transmise de génération en génération pendant plusieurs siècles.
Beaucoup de Vénitiens furent ruinés dans les jeux de hasard qui se passaient entre les deux colonnes et le Sénat en eut un jour assez de voir cette “immoralité” se produire en sus juste à côté du Palais des Doges, un véritable affront !
Toutefois la République de Venise étant très respectueuse et du droit et de sa parole, il ne pouvait dès lors pas être question de supprimer la concession.
Un sénateur eut alors une idée plutôt sinistre pour mettre fin à cette situation.
Sur la suggestion de ce sénateur, la République de Venise décida donc que désormais les exécutions publiques auraient lieu entre les deux colonnes de la Piazzetta de Saint-Marc.
On imagine l'effet de cette décision sur les joueurs, obligés de jouer sur un emplacement devenu aussi sanglant !
Et ce côté sinistre de l'endroit imprègnera longtemps l'esprit des vénitiens, comme vous pourrez le lire dans plusieurs des citations que nous vous présentons plus loin.
La seule difficulté est que les seules exécutions autorisées entre les colonnes étaient celles des nobles. On en vint donc un jour, du fait d'une plus grande tolérance des lois ou d'une meilleure conduite des nobles, à ne plus avoir suffisamment d'exécutions à pratiquer pour pouvoir décourager efficacement les joueurs.
Le Sénat, décidémment plein d'idées, proposa que l'on y suspende les pendus de la semaine… et là, il y en avait assez pour que l'endroit devienne sinistre en permanence. Imaginez-vous en train de jouer aux cartes sous un pendu !
C'est Andrea Gritti, Doge de 1523 à 1538, qui osera interdire la pratique des jeux d'argent entre les deux colonnes de la Piazzetta et donc remettre en cause la parole de la Sérénissime.
La concession aura tout de même duré un peu plus de quatre siècles !
Preuve que la parole donnée à Venise était à l'époque quelque chose de grande valeur.
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