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Le Lion et la Croix des Fouettés du Rialto
Aussi, Le 13 mars 1545, sur la colonne du portique située derrière le Gobbo et qui se trouve aujourd'hui au numéro 100 du Campo San Giacomo de Rialto, fut posée une pierre gravée portant une croix et un saint Marc, représenté comme il se doit par un lion.À partir de cette date, les condamnés se mirent donc à embrasser la croix en signe de repentance de leurs péchés et tout le monde fut content, le bossu inclus !
Le lion et la croix, comme pour le pauvre athlète portant l'escalier, furent tout de suite baptisés par les Vénitiens du nom de “Fouettés” (dei Frustai), la peine qui attendait les condamnés lorsqu'ils arrivaient au Campo du Rialto.
Le lion des fouettés a malheureusement été très abîmé en 1871, année au cours de laquelle il perdit la plus grande partie de sa tête tandis que le reste de son corps se retrouva presque arraché du fond du médaillon de pierre. Le vandalisme ne date hélas pas d'aujourd'hui…
Il est toutefois intéressant de noter que ce lion est assez particulier et inhabituel dans sa représentation de Lion de Saint-Marc.
En effet il porte tout d'abord ce qui pourrait être qualifié de perruque ou plus probablement de capuchon sur sa tête et son dos.
Et cette “chose” qui recouvre son dos (et recouvrait aussi sans doute une partie de sa tête) est de plus d'une taille particulièrement importante par rapport au reste du corps du lion.
Ce “couvre-lion” est quelque chose que nous n'avons pas retrouvé ailleurs à Venise dans les multiples représentations du Lion de Saint-Marc qui s'y trouvent.
Un autre élément est également troublant.
Le lion de Saint-Marc est le plus souvent représenté présentant l'Évangile et l'inscription “Pax tibi Marce, Evangelista meus” (Que la Paix soit avec toi, Marc mon Évangéliste) posé debout et sous l'une de ses pattes.
Ici l'Évangile est posé à plat et le lion a les deux pattes posées en travers de ses pages...
Certes on retrouve le même type de position des pattes sur l'Évangile de la colonne de la Piazzetta de Saint-Marc, mais là l'explication est simple.
Le lion de Saint-Marc qui s'y trouve était en fait à l'origine une chimère asiatique rapportée à Venise et “bricolée” avec des ailes et dont les pattes n'avaient évidemment pas à l'origine la position orthodoxe et classique du lion de Saint-Marc.
S'il se trouve donc parmi vous des spécialistes à même de nous expliquer l'attitude assez inhabituelle de ce lion fouetté et encapuchonné du Rialto, nous serons heureux d'intégrer ici votre explication !
La croix des fouettés est quant à elle plus classique et elle est positionnée à une cinquantaine de centimètres sous le lion des fouettés. On imagine les pauvres condamnés en train de l'embrasser...
Le Bossu du Rialto : Un personnage Grotesque qui se mit même à écrire
Les bossus, en 1500, étaient généralement la risée des populations car ils symbolisaient souvent pour elles une certaine dérision.C'est donc aussi ce qui arriva au Gobbo du Rialto.
Ce qui fit que le bossu du Rialto devint également un endroit où les Vénitiens accrochaient billets et critiques contre l'église et la République de Venise, nous dirions aujourd'hui sur Internet, un forum !
Mais le point culminant de la satire et de la dérision du Bossu fut l'année 1577, date à laquelle fut écrit par Cigogna, un pamphlet : “Il Gobbo di Rialto a Pasquino”.
Le Bossu du Rialto était alors, de convention, un personnage satirique et grotesque, tout comme Pasquino, le Pasquin et le Marforio de Rome.
Notre Bossu du Rialto, sous la plume de Cigogna, prit vie et écrivit sous son nom un pamphlet, ayant pour sujet réel les interdits de l'époque, à son homologue le Marocco de saint Marc, l'un des personnages représentés sur les colonnes de Saint-Marc et qui porte des melons.
Le choix de ces deux personnages n'était évidemment pas neutre puisque c'était de Saint-Marc que partaient les condamnés avant d'arriver au Rialto pour y être fouettés.
Comme vous le voyez et le verrez en rendant visite au Bossu du Rialto, ce pauvre homme, qui porte depuis cinq siècles son escalier sans broncher, fut plus qu'une simple colonne des proclamations, et ce grâce à l'humour et à la verve vénitienne, encore bien présentes aujourd'hui : Ici on aime rire !
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