Les artistes d'Amérique du Sud dans le pavillon central des Giardini à la Biennale d'art de Venise

Colombie

Romulo Rozo (1899-1964)

Romulo Rozo est un sculpteur colombien qui fut associé au mouvement indigéniste créé pour inciter les artistes à s'éloigner des traditions artistiques européennes.

Sa sculpture de granite, « Bachué Diosa Generatriz de los Chibchas », dépeint la création du mythe Muisca originaire du centre de la Colombie.

Bachué est la déesse mère, elle porte une couronne composée de neuf queues de limaces, une pour chaque mois de grossesse.

Au-dessus d'elle, un enfant est niché dans un cône, cet enfant crée l'humanité à partir depuis une lagune avant que Bachué ne se transforme en serpent.

Romulo Rozo Bachué Diosa

Argentine

Juana Elena Diz (1925-?)

Juana Elena Diz est une peintre céramiste argentine qui a consacré son art au travail des femmes indigènes.

Juana Elena Diz, Lavandera

Raquel Forner (1902-1988)

Raquel Forner, Autoportrait, Biennale d'Art de Venise

Raquel Forner, Autoportrait Dans son « Autoportrait », Raquel Forner dénonce la guerre civile en Espagne et se présente avec trois pinceaux.

Sur la mappemonde, l'Afrique et l'Europe sont partiellement cachées par des pages de journal ensanglanté où l'on peut lire "la Guerra... Europa" et "invasion".

Une colombe morte git sur la paume d'une main.

Au fond, deux femmes implorent un buste de femme aux bras coupés, au sein percé d'un trou de balle, au torse présentant une longue entaille verticale tandis que du sang coule de sa bouche et que deux mains la saisissent tandis qu'à ses pieds git le corps d'un enfant.

Deux autres femmes en deuil sont positionnées derrière la main qui tient la colombe morte.

D'autres corps gisent au fond du tableau, alignés devant une autre représentation de l'artiste, debout devant une toile, une palette à la main.

Au-dessus d'elle, dans un paysage désolé où il ne reste plus que quelques morceaux de murs brisés, des parachutistes sont en train d'atterrir.

Par contraste avec ces images de désolation, la partie gauche du tableau est apaisée et montre son pays, une carte de l'Argentine, une gerbe de blés murs et un portrait de l'artiste avec son mari.

Emilio Pettoruti (1892-1971)

Emilio Pettoruti est un argentin fils de parents italiens.

Il étudia l'art en Europe de 1913 à 1924 et participa à de nombreux groupes d'avant-garde.

Son tableau « La del Abanico Verde » montre une femme aux formes géométriques qui tient un éventail.

Tout en étant influencé par le cubisme, Pettoruti s'en éloigne en même temps en s'éloignant des couleurs grises et brunes du cubisme et en introduisant des couleurs vives dans son tableau.

Emilio Pettoruti, La del Abanico Verde, Biennale d'Art de Venise

Emilio Pettoruti
Bolivie

Armodio Tamayo (1924-1964)

Le tableau d'Armodio Tamayo « Imilla » qui signifie “fille” en langage Aymara utilisé dans certaines communautés indigènes du sud de la Bolivie et du Pérou présente la jeune femme dans un manteau à rayures aux couleurs de la terre.

Armodio Tamayo, Imilla, Biennale d'Art de Venise

Armodio Tamayo, Imilla
Brésil

Tarsila do Amaral (1886-1973)

Tarsila do Amaral fut l'une des plus grandes artistes modernistes du Brésil du vingtième siècle.

Son tableau « Estudo » révèle l'influence cubiste dans sa volumétrie et sa construction géométrique, mais avec la luminosité qui caractérise son œuvre.

Tarsila do Amaral, Estudo

Emiliano Di Cavalcanti (1897-1976)

Le tableau d'Emiliano Di Cavalcanti "Três Mulatas" fait référence aux trois Grâces, aucune d'elles ne regardant l'autre.

Ce choix de construction de cette œuvre montre l'individualité de chacune tout en faisant partie d'une même unité.

La Mulata est un terme brésilien raciste et dégradant qui signifie mulâtre, ceux qui sont de race mixte. En les transformant en Grâces, Emiliano Di Cavalcanti combat la vision élitiste de son époque au Brésil.

Cavalcanti, Três Mulatas

Maria Martins (1894-1973)

Maria Martins fut une sculptrice brésilienne surréaliste.

Son œuvre présente de nombreuses sculptures de déesses et de monstres où elle intègre érotisme et désir.

Ceci s'exprime bien dans la sculpture exposée au pavillon central des Giardini qui montre cette femme entourée de serpents dont l'un entoure ses jambes tandis qu'un autre comprime sa poitrine et ses seins.

Sa bouche est ouverte pour montrer son cri de plaisir ou de douleur.

Maria Martins, However

Ione Saldanha (1919-2001)

L'œuvre « Bambus » d'Ione Saldanha occupe le centre du pavillon central des Giardini à la Biennale d'art de Venise.

Des bambous que l'artiste a laissé sécher pendant plus d'une année, puis les a sablés avant de les peindre à l'acrylique avec des couleurs lumineuses.

Ione Saldanha, Bambus

Chili

Laura Rodig (1896-1972)

Laura Rodig, Retrato de Gabriela Mistral, Biennale d'Art de Venise

Rodig, Gabriela Mistral Laura Rodig est une artiste chilienne et une activiste féminine qui a soutenu la cause Mapuche.

Elle a lutté pour les droits queers et a été en relation avec de nombreux intellectuels, dont Gabriela Mistral dont elle a fait le portrait exposé à la Biennale d'art de Venise au pavillon central des Giardini.

Sa relation avec Gabriela Mistral était autant intellectuelle et professionnelle que sexuelle.

Elle a accompagné Gabriela Mistral à Mexico en 1922 pour travailler avec elle sur le projet d'éducation de José Vasconcelos.

Camilo Mori (1896-1973)

Camilo Mori, La Viajera, Biennale d'Art de Venise

Camilo Mori, La Viajera Camilo Mori a été l'un des précurseurs du mouvement avant-gardiste au Chili.

« La Viajera », la voyageuse, est un portrait de sa femme, la peintre Maruja Vargas Rosas qui fut également sa muse.

Elle est représentée dans un train à Valparaiso, un train qui devient une place d'appropriation pour les femmes à cette époque en leur permettant de se déplacer librement à l'époque de leur lutte pour le droit de vote.

Maruja Vargas tient un livre pour signifier l'accession des femmes à la culture.

Camilo Mori était également membre du parti communiste et directeur du musée d'art de Santiago du Chili.

Pérou

Miguel Alandia Pantoja (1914-1975)

Miguel Alandia Pantoja, Imilla, Biennale d'Art de Venise

Alandia Pantoja, Imilla L'œuvre artistique de Miguel Alandia Pantoja est associée au muralisme mexicain.

Dans ce tableau « Imilla » une jeune fille est assise dans la lumière du soir et est enveloppée de l'habit typique des membres de la milice féminine.

Dans une symétrie parfaite, son visage est calme tout comme son corps, aucun mouvement n'est perceptible.

Elle nous regarde à travers ses pupilles à peine entrouvertes, ses yeux étant cachés dans l'ombre.

Elle n'est ni endormie ni une allégorie romantique, c'est une sentinelle vigilante qui observe dans la nuit, elle est là pour défendre son peuple.

Uruguay

Joaquin Torres-Garcìa (1874-1949)

Joaquin Torres-Garcìa fut l'un des leaders de l'abstraction en Uruguay.

Dans ce tableau « Retrato de VP », il intègre des éléments structurels du style constructiviste tout en respectant la règle d'or dans la construction de cette œuvre.

Joaquin Torres-Garcìa, Retrato de VP, Biennale d'Art de Venise