Canaletto Précurseur des Impressionnistes - Accademia de Venise

Canaletto impressionniste ?

C’est l’un des paradoxes de la peinture de Canaletto.

Canaletto, Le Grand Canal vu du palais Balbi jusqu’au pont du Rialto, Vénitienne au balcon du Palazzo Balbi, à la Ca' Rezzonico à Venise

Vénitienne Palais Balbi Tout y est détaillé à l’extrême, jusqu’à la moindre fente sur un mur, le moindre bout de corde, le petit lampadaire au fond du tableau, le petit chien qui se gratte.

Et pourtant, son coup de pinceau est souvent précurseur de celui des impressionnistes.

Ce sont d’abord les touches de couleurs qui « percent » le tableau, les mouvements du vent dans les bannières, dans le linge qui sèche sur les Altane (les terrasses vénitiennes).

Cet avant-gardisme impressionniste se retrouve aussi dans certains personnages et détails, à peine esquissés et pourtant bien visibles, lisibles.

Canaletto, La Vue du Rio dei Mendicanti, Vénitienne à sa fenêtre, à la Ca' Rezzonico à Venise

Vénitienne à sa fenêtre Ces ménagères peintes en à peine quelques touches de couleurs, ce gondolier dont le couvre-chef semble prêt à tomber à l’eau, est représenté à l'aide d'un seul coup de pinceau d’une simplicité étonnante et pourtant si précise.

Canaletto est le maître de la simplification, avec quelques coups de brosse qui dessinent mieux que le dessin le plus soigné.

Et ce savoir-faire, ce génie pictural, Canaletto s’en sert aussi pour sculpter la lumière où baignent Vénitiens et bateaux : la lumière est partout, transparente, vibrante, solaire.

C’est le soleil qui attrape le linge étendu, qui accroche la manche blanche du gondolier.

Canaletto, Le Grand Canal de Venise et le Pont du Rialto vu du Sud, gondole sur le Grand Canal, Galerie Nationale Barberini à Rome

Gondole sur le Grand Canal Canaletto travaille souvent par couches successives pour mieux faire vibrer la lumière, pour donner la transparence nécessaire à l’eau ou au ciel, utilisant des couches de peinture plus ou moins épaisses, peintes les unes sur les autres avant même que les précédentes ne soient complètement sèches.

Tout son art se traduit en de subtils changements de ton que l’on ne voit pas immédiatement, mais que l’on sent. Ses toiles sont vivantes, vibrantes de couleurs. Le tout sans oublier la dernière touche, celle du génie capable d’y ajouter la poésie de la vie.

Ce n’est pas un hasard si l’un de ses plus grands admirateurs fut… William Turner lui-même !

Refusé à l’Accademia de Venise

Certes, l’Académie des beaux-arts de Venise ne fut créée qu’en 1756 et Canaletto avait déjà 59 ans, mais lorsqu’il présenta sa candidature à l’âge de 66 ans, elle fut… rejetée !

Canaletto, Le Grand Canal de Venise et le Pont du Rialto vu du Sud, Galerie Nationale Barberini à Rome

Le Grand Canal et le Pont du Rialto Trois sièges étaient pourtant à pourvoir à la suite du décès des membres qui les détenaient.

Trois possibilités attribuées à trois autres peintres, aujourd’hui oubliés, Canaletto ne se classant que quatrième en nombre de voix obtenues.

Ce n’est que grâce au décès de l’un des trois autres peintres, survenu juste après son élection, que Canaletto put enfin, presque par défaut, entrer à l’Accademia de Venise.

Mais il ne fut pas accepté avec n’importe quel sujet de tableau de réception.

Canaletto, Le Grand Canal vu du Pont du Rialto vers la Ca' Foscari à Venise, le Grand Canal et la Riva del Vin, Galerie Nationale Barberini à Rome