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Mariano Fortuny y Madrazo (1871-1949)
Mariano Fortuny photographe : 12000 négatifs et 10000 photos développées
Mariano Fortuny était aussi un photographe averti.
Il avait su rapidement exploiter cette technique pour ses travaux de styliste et de scénographe en photographiant ses mannequins, seuls ou en groupe, pour des essais de mise en scène et d'effets esthétiques.
Il s'était constitué un patrimoine photographique considérable.
En 1976, environ 12000 négatifs (entre plaques de verre et pellicules) ont refait surface quand la direction du Musée Fortuny et le Centre de Documentation ont entamé la recherche systématique et le classement du fond des archives.
Mariano Fortuny et les multiples usages de la photographie
Mariano Fortuny a commencé la photo en dilettante vers 1888, lorsqu'il vivait encore avec sa mère à Paris, à l'époque où la France était à l'avant-garde pour les sciences et les techniques de la photo.En septembre 1886, le “Journal Illustré” publiait l'interview d'un scientifique photographié par Nadar.
On commençait à imprimer des livres illustrés de photos, et le cinéma prenait son essor en 1895 avec les frères Lumière.
Par souci de perfection et de réalisme, Mariano Fortuny était toujours attentif à la qualité des résultats, essayant sans cesse de trouver le meilleur moyen pour y arriver.
Il s'intéressa donc de très près à l'optique et à la technique photographique, afin d'utiliser au mieux cet art nouveau.
Avec son appareil panoramique n°4 de Kodak acheté à Paris, il avait réalisé ses premiers essais, un peu “scolaires”, avec le reportage d'une course automobile et des vues de la banlieue parisienne.
Ses vues de Venise de 1908, préparant sans doute à la réalisation de scénographies théâtrales, sont déjà beaucoup plus élaborées par une recherche de perspectives et de contrastes.
Et la vision à 120° offrait l'avantage d'un regard dynamique de la lagune et de la ville.
à Venise, Mariano Fortuny se servit de la photo pour observer et étudier la réalité quotidienne de Venise, loin des itinéraires prestigieux visités par les riches touristes de l'époque.
Des photos de Vénitiens de tous âges dans les Calli, des femmes travaillant devant leurs maisons, des ponts, des canaux et des petits coins charmants, qui pouvaient servir de modèles pour des tableaux.
Il y avait aussi des photographes de valeur à Venise, comme Carlo Naja qui publia “Calli e canali di Venezia” en 1890, et Giuseppe Primoli qui photographia la Duse en gondole, et dans son appartement ; mais on ne sait pas si Mariano Fortuny a eu des contacts avec eux.
En fait, il préférait les espaces clos, comme l'intimité de son palais.
Mariano Fortuny et ses photos d'art pour l'art
La photographie lui a permis de répertorier les motifs des étoffes anciennes de sa collection, ainsi que des motifs de tissus traditionnels, ou des modèles de gravures du monde entier et de toutes les époques, avec l'intention de s'en inspirer pour ses tissus imprimés.Il pouvait facilement agrandir un détail de motif pour le répéter et l'imprimer en séries parallèles sur le tissu, tout en les combinant avec des motifs d'origines différentes.
Pour photographier les décorations d'étoffes qu'il souhaitait reproduire, il utilisait particulièrement de grands formats de 50 cm x 60 cm.
Malgré l'encombrement et la lenteur opérationnelle des appareils de l'époque, Mariano Fortuny n'hésitait pas à utiliser différents formats (13 x 18), (18 x 24), (24 x 30) en abordant ses sujets sans se préoccuper d'appliquer rigoureusement les méthodes très conventionnelles de la photo professionnelle.
Au contraire, il cherchait toujours des angles, des perspectives, des contrastes… différents !
Mariano l'artiste peintre saisissant et composant une image se doublait de l'amateur de théâtre qui, tout en posant un regard affectueux sur ses amis, composait aussi de véritables scénettes en réalisant une suite de poses, souvent humoristiques.
Peut-être s'amusaient-ils à parodier des scènes courantes du cinéma (muet) de l'époque, mais cela faisait aussi penser à une scène de théâtre où les gestes et les poses ont une grande valeur expressive, et esthétique.
Et ses photos souvenir de fêtes, par exemple celle d'une fête à la Ca' Venier dei Leoni où l'on aperçoit le peintre Giovanni Boldini perché sur un socle, pour être à la hauteur d'un homme déguisé en mameluk et de la marquise de Casati qui l'encadrent en lui donnant la main ; là encore, la mise en scène et les attitudes des personnages rappellent le théâtre, on pense à des acteurs entrain de saluer le public à la fin d'une représentation.
Comme beaucoup de peintres, Mariano Fortuny prenait quelquefois des photos de ses modèles pour peindre ses tableaux.
C'est ainsi qu'en 1899, il fit des portraits-photos de la princesse Hohenlohe, vue de trois-quarts dos entrain d'étaler du “beurre spécial de table”, afin de réaliser ensuite une affiche publicitaire pour une marque de beurre.
Et fit de même pour peindre des portraits de sa mère, et de sa femme Henriette.
Mariano Fortuny réalisait ses autoportraits et ses portraits avec un appareil “Gilles Frères” à plaques de 18 cm x 24 cm.
Il installait son lourd trépied en bois face au sujet qu'il analysait souvent au cours d'une séquence d'approche, en usant de la technique du travelling dans une confrontation plaisante et prolongée avec le modèle sous la forme d'un dialogue amical, suivi à travers le verre dépoli avant d'être saisi par la plaque sensible.
Ses images n'étaient jamais définitives, achevées ; pour ce peintre c'était des essais, des esquisses suggérant des précisions ultérieures pour la pose du sujet (debout, assis, de profil, le regard baissé ou levé, bras relâchés ou levés, mains croisées…) et sur des fonds changeants (drapé, angle d'une pièce), toujours dans l'intention de changer de contexte pour mieux percevoir les effets esthétiques sur l'image.
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Liens sur les lieux et personnages cités dans cette page :
Gaspard-Félix Tournachon, dit Nadar - WikipédiaAuguste et Louis Lumière, les Frères Lumière - Wikipédia
Giovanni Boldini - Wikipédia
Marquise de Casati - Wikipédia
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